à l’étranger, des mesures aux effets limités


En 2015, la presse américaine et anglo-saxonne s’enthousiasme pour une nouvelle loi adoptée à Taïwan visant à diminuer le temps d’écran des mineurs. Dans l’île, « il est désormais illégal de laisser ses enfants trop longtemps devant un écran », s’extasie Time, tout en notant que le périmètre de la loi, qui prévoit des amendes d’environ 1 500 euros pour les parents irresponsables, reste assez flou. Et pour cause : comme l’expliquait à l’époque le ministre de la santé taïwanais, à l’origine du texte, celui-ci se voulait avant tout symbolique. La loi n’a jamais été réellement appliquée.

Plusieurs pays particulièrement connectés, principalement en Asie, ont, ces dix dernières années, mis en place des mesures plus ou moins contraignantes allant dans le même sens. Pour leurs gouvernements, la question est perçue comme un problème majeur de santé publique. De quoi inspirer les « recommandations » que doit faire d’ici au mois de mars la commission mise en place par Emmanuel Macron ? Pas nécessairement : avec le recul, ces expérimentations ont, pour l’heure, des bilans en demi-teinte, voire sont des échecs complets.

Couvre-feu numérique

C’est, de loin, en Chine qu’ont été prises les décisions les plus radicales pour faire baisser le « temps d’écran », et notamment celui consacré aux jeux vidéo. Pièce d’identité obligatoire pour se créer un compte, temps maximal fixé à trois heures de jeu par semaine pour les mineurs, interdiction pure et simple de certains jeux… Mais l’efficacité de ces mesures draconiennes est sujette à caution, note Orsolya Király, chercheuse à l’université de Budapest spécialisée dans la psychologie des joueuses et joueurs de jeux vidéo et coautrice d’une étude transversale sur les actions visant à contrôler l’accès aux jeux en ligne.

« Peu d’études ont cherché à mesurer l’efficacité des mesures chinoises, mais les recherches récentes sur le sujet suggèrent qu’en pratique, elles ne fonctionnent pas très bien, détaille-t-elle. Les causes précises devront être étudiées plus en détail, mais les premières pistes sont que les joueurs cherchent à contourner les règles et que les entreprises ne les appliquent pas très bien. Les grandes entreprises suivent la loi, mais les éditeurs plus petits n’ont pas toujours les ressources ou la volonté d’effectuer des contrôles stricts. » Le gouvernement chinois lui-même a changé plusieurs fois les règles, et a même renoncé à certaines restrictions envisagées, comme dernièrement celle d’imposer une limite de temps à tous les joueurs.

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